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7.5) Les GENDAITO : Les lames " modernes " :
ce sont les lames créées depuis le HAITOREI , c'est-à-dire l'interdiction du port des sabres en public , promulgué sous l'égide de l'empereur MUTSUHITO . Ces décrets , 3 successifs depuis 1870 jusqu'à donc 1876 , essentiellement politiques , l'empereur étant par ailleurs un fervent admirateur des sabres et lames japonaises , étaient destinés à réformer la société japonaise en éliminant les privilèges liés à la classe dominante d'alors : Les guerriers ou samourai .
Cette interdiction entraina évidemment une importante désaffection pour le sabre déjà plus ou moins moribond à la fin des années de pax TOKUGAWA .
Les forgerons se tournèrent alors pour la plupart vers d'autres activités métallurgiques ( couteaux , instruments divers ) et peu nombreux furent ceux qui demeurèrent actifs .
D'autre part , le pays étant entré dans une modernisation à l'occidentale dans tous les domaines , celui de l'armement en faisait bien évidemment parti .
Las, les armes blanches , jadis fleuron du pays , étaient dorénavant supplantées par les armes à feu et seule la symbolique historique rattachée à cet objet , en maintint le port pour des cérémonies et les services d'état .
En effet , chez les forces de l'ordre , au sens large , policiers et militaires , le port du sabre était toujours de rigueur .
Malheureusement , le sabre typique japonais , forgé à l'ancienne subit ,en quelque sorte , le défaut de sa qualité .
Long et couteux à fabriquer , il ne pouvait être utilisé pour équiper le grand nombre de militaires et policiers le nécessitant .
D'autant plus que , la guerre fut un des "passe-temps" principaux de l'empire , au cours de l'ère MEIJI , avec les guerres contre les chinois (1894-1895) puis les russes (1904-1905) , puis la première guerre mondiale et plus tardivement la seconde guerre mondiale dont l'impact fut des plus importants .
En 1890 , devant la déchéance de l'ensemble de l'artisanat traditionnel japonais , victime de l'occidentalisation à outrance ou , "bunmei kaika", la maison impériale prit l'initiative de prier les artisans de revenir à leur travail traditionnel dans tous les domaines y compris bien sur , celui de la forge .
Certains parmi ceux-ci furent donc sélectionnés , nommés " GIGEI-IN " et assermentés ou patronnés pour représenter la maison impériale .
Ainsi en 1906, l'empereur choisit-il 2 forgerons comme " GIGEI-IN " : il s'agit de GASSAN SADAKAZU et MIYAMOTO KANENORI Parallèlement , pour préserver l'intégrité du patrimoine national , la maison impériale décida de nommer des lames " Trésors Nationaux " . Dès le début 1897 , une provison de lames ont bénéficié de cette appellation , il s'agissait des collections anciennes et remarquables des temples , des mausolées et autres lieux de pèlerinage .
En 1929 , ce système fut étendu à toutes les lames .
En marge de cette alternative , une association fut fondée en 1900 , appelée d'abord TOKEN KAI puis à la période TEISHO (1912-1926) , rebaptisée CHUO TOKEN KAI . Celle-ci , opposée au HAITOREI et donc favorable au sabre , oeuvra pour le renouveau de la forge . Elle était composée de politiciens, d'économistes et d'officiers militaires .
Parmi ses principaux acteurs , INUKAI TSUYOSHI , qui sera premier ministre en 1931 , et IWASAKI YANOSUKE , vice-président de MITSUBISHI .Le propos de cette association était de préserver les plus belles lames et de procurer aux forgerons la possibilité de forger à nouveau dans les mêmes conditions et avec la même qualité que la forge traditionnelle ancienne .
Une autre de leurs missions était de former les forgerons à l'expertise et l'appréciation des lames anciennes , ces pièces étant le plus souvent propriétés de membres éminents de la société japonaise .
Celle-ci produisit également un hebdomaire nommé TOKEN KAI SHI qui constitua aussi un point important pour la reconnaissance et la préservation du sabre à cette époque .
Dans le premier numéro de cet hebdo , figurent plusieurs articles intéressants : BETCHAKU NARIYOSHI , l'un des fondateurs de l'association , écrivit un article où il indiqua notamment : " le sabre japonais est l'un des plus importants travaux d'art " et aussi " durant des siècles , les sabres ont été hautement élaborés et stylisés.C'est un très grand dommage qu'un aussi grand nombre d'artisans forgerons aient été aussi rapidement coupés de leurs ressources professionnelles et culturelles à cause des conséquences du HAITOREI " .
Dans ce numéro on trouvait également un article de HORII TANEYOSHI , un maitre-forgeron de 82 ans , profondément concerné par le destin de sa profession et qui rédigea un essai pour l'occasion qui disait en substance : "dans chaque culture ,ce qui est important c'est de transmettre le savoir et la tradition à la génération future . Le grand forgeron et théoricien SHINSHINTO , SUISHINSHI MASAHIDE avait formé notamment HOSOKAWA MASAYOSHI ,TAIKEI NAOTANE et SUISHINSHI MASATSUGU . Cependant , le HAITOREI , les a empêchés de pouvoir transmettre tout le savoir traditionnel que leur avait enseigné leur grand maitre " .
Ce journal continua les appels au secours pour relancer la forge et l'activité du sabre , invitant même les voies gouvernementales à y participer sous forme de financement .
Un certain nombre de forgerons réputés travaillaient à cette époque pour les organes militaires , KAIGUN ZOHEI SHO , la Marine et RIKUGUN ZOHEI SHO , l'armée de terre .
Ces forgerons étaient : MORIOKA MASAKICHI , YOKOYAMA SUKEKANE , MITSUHIRA HEKI , MIYAGUCHI SHIGETOSHI , KASAMA SHIGETSUGU , pour l'armée de terre et YAKAYAMA TOKIYOSHI et YAMANA HANNOJO pour la Marine .A Suivre.....
Chapitre 7 : Les Ecoles de Forge |
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